Pourquoi notre gamme A.O.C qui produit les 7 cépages alsaciens se nomme-t-elle « Les Princes Abbés » ?
L’arrivée du christianisme en Alsace se situe en l’an 310. Un évêché s’établit à Bâle pour la Haute Alsace (Haut-Rhin) et un autre à Strasbourg pour la Basse Alsace (Bas-Rhin). De nombreux monastères formaient alors de véritables foyers de vie économique et de culture latine.
L’abbaye de Murbach, village situé au fond de la vallée de Guebwiller, fût érigée en l’an 728 par Saint Pirmin. Cette communauté bénédictine domina toute la région pendant dix siècles. Elle possédait des châteaux forts, battait monnaie et entretenait une armée. Les abbés étaient recrutés dans les plus nobles familles de la vallée du Rhin.
Au IXème siècle, l’abbaye était riche et célèbre. Elle accueillait ses protecteurs, Pépin, roi des Francs, puis Charlemagne. Les abbés avaient le titre de prince du Saint Empire romain germanique et les moines celui de chevalier. Elle possédait même le territoire de la ville suisse de Lucerne.
L’abbaye de Murbach atteint son apogée aux XIIème et XIIIème siècles. En 1298 l’empereur Frédéric II donna le titre de prince abbé aux abbés de Murbach. A cette époque, la principauté abbatiale de Murbach était l’un des trois grands fiefs relevant de l’évêque de Bâle.
L’abbaye de Murbach levait de nombreux impôts et surtout imposait de nombreuses corvées et restrictions aux conventions passées. Les nobles ou corporations faisant obstacle à leurs pouvoirs étaient chassés de la ville ou dissoutes.
Au XIIème siècle, la viticulture fit de Guebwiller l’une des plus importantes villes d’Alsace. Sous l’impulsion des Princes Abbés de Murbach les crus de la Wanne (actuel Grand Cru Kessler), du Saering et du Kitterlé transitaient par Bâle et Lucerne en direction de l’Autriche. Leur renommée était telle que des négociants peu scrupuleux livraient les récoltes du vignoble suisse et d’ailleurs en les faisant passer pour du vin de Guebwiller.
Au XVIIème siècle, les Guebwillerois, pour déjouer l’action des trafiquants, décidèrent d’apposer un certificat d’origine sur chaque tonneau de vin qui quittait leurs caves. Comme en témoigne la missive du 15 avril 1667 de la ville de Guebwiller à la ville de Lucerne : « nous avons décidé d’écrire à ces messieurs de Lucerne, parce que nous avons appris que certains acheteurs se laissent entraîner à prendre des vins de Rouffach, Westhalten, Soultzmatt pour les revendre comme vins de Guebwiller et de déclarer que dorénavant ses vins seront accompagnés d’un Ladtzettel (ou certificat d’origine) ».